Spirou et Fantasio - Tome 53 Dans les griffes de la vipère

Catastrophe : Le journal de Spirou est menacé de faillite suite à un procès retentissant ! Le rédacteur en chef, Fantasio, ne veut pas laisser mourir son magazine. Mais il n'est pas le seul : Gil Coeur-Vaillant, le célèbre détective-explorateur et admirateur des exploits de Spirou, va venir à sa rescousse. Il va trouver un fonds d'investissement, la VIPER, qui va renflouer le journal. Ouf ! Le célèbre hebdomadaire est sauvé ! Pas tout à fait, car Spirou est en fait tombé dans les griffes d'un milliardaire sans scrupules. Prisonnier dans une villa de rêve sur une île paradisiaque, notre héros ne va pas supporter longtemps cette vie oisive. Il va se rebeller, ignorant qu'il va ainsi précipiter ses amis dans de terribles ennuis...

Ma critique :

Fan inconsolable du tandem Tome&Janry, ils ont propulsé les aventures de Spirou et Fantasio à son zénith. La dernière aventure agréable à mes yeux a été  « Spirou, journal d’un ingénu ». Puis lors de l’émission 101% sur la chaine « No life », Davy Mourier prononce les trois petits mots magiques inespérés en parlant du 53^ème tome de Spirou, « une aventure qui me rappelle le tandem TOME & JANRY ».

Après un passage à la librairie, le tome en main, la lecture commence. Tout d’abord, j’ai été agréablement surpris de retrouver un ancien héros de bd, et surtout  de le voir plonger dans le contexte de la crise, tout comme Batman dans le dernier volet de Nolan « The Dark Knight Rises ». Puis les pages s’enchainent assez rapidement avec un plaisir moyen car voilà le véritable problème reste le même depuis plus de 10 ans suite à un choix éditorial, cette série est atteinte du virus « la BD à papa » condamnée à séduire deux générations différentes dans un objectif commercial et non une ambition artistique.

Aucune barrière, audace, attente n’est franchie, laissant de nouveau pour moi une petite mort à ce sympathique  groom. Dans les années 90, on peut désormais le certifier, Tome et Janry avaient tout compris dans le passage d’une icône culturelle de plus de 50 ans au début du 21^ème siècle.

Le but à été de conserver son charisme, son authenticité tout en le transcendant avec bien sur les bienfaits d’un bain de jouvence. Le héros devait avoir des fêlures, être dans le doute, morfler, tomber amoureux voir tomber tout court pour mieux se relever. Cette mécanique, on la voit aujourd’hui s’appliquer à merveille dans les derniers James Bond avec Daniel Craig ou encore la trilogie Batman de Nolan.

Depuis le tome 33 « virus », ils ont décidé de limiter l’habit de groom de Spirou, qui est dans ce tome 53, est réclamé de tout urgence. Puis à partir du tome 39 « la frousse aux trousses », Spirou va prendre des coups où il sera pour lui plus difficile de se relever, d’autant que l’aspect psychologique va se renforcer.

Puis, arrive la « révolution sexuelle » pour ce héros de la jeunesse mais surtout comme Tintin, asexué, où le trouble sentimental et l’attirance s’installent dans le très réussi tome 45 « Luna Fatale ». Pour aboutir à l’aventure inachevée (car un seul tome pour une aventure plus généreuse) avec « Machine qui rêve ». Album culte d’une maturité exceptionnelle pour ce héros intergénérationnel où il était débarrassé de tous ses poids symboliques (costume, dessin, scénario aseptisé…) pour mon plus grand plaisir.

Aujourd’hui  impossible de ne pas penser à un terrible bond en arrière dans ses dernières aventures, car Spirou était vraiment le héros avant-gardiste d’une bande dessinée populaire. Que de déception de lire une aventure aussi conservatrice avec un regard si archaïque…

Une bd de Spirou & Fantasio qui nous donne envie de lire les aventures d’il y a 10-20 ans.